Je passais tous les jours par le pont emmenant vers l’école des enfants, au-dessus de ce ruisseau traçant sa route au milieu des vaches rousses, avec l’irrépressible envie de m’y arrêter..
Venu du sud-ouest, des Monts de Salers, si agité parfois, le Labiou m’appelait dévalant ses dénivelés de basalte noir et débordant de l’énergie des montagnes.
Chaque fois, il s’en dégageait un écho cristallin, limpide, de ces chants rapides et anciens, où la nature était Reine, un air nous livrant sa force indomptable à toujours être, maîtresse des lieux, multiple, polymorphe.
Je voulais sentir et prendre en photo de près, l’eau filante, jouant avec son corps et la lumière.
Essayer de capter son état énergétique, ce qu’elle vit et ceux qui la vivent..
Un jour, les jolies rousses étant absentes, je me suis faufilée jusqu’à son bord. Enfin, j’ai pu le longer et le photographier…
Le Labiou a tenu ses promesses: magicien, des merveilles étaient là, intimités dévoilées.
profil de faune aux bois nouveaux, brillant de lumière dorée
est-il poisson cet ondin à l’oeil ouvert?..
moitié caché, me renvoie vers un autre continent.. la terre est grande, l’Âme du Monde bavarde..le maure
l’effet-miroir redonne la symétrie à ces Rois ondins.
sur le rocher..couleurs fauves, lèvres pulpeuses et menton pointu, le faune et l’ours, en totem..
une ondine un peu souris, un peu chat et deux renards.. .8 oc .. Miss Terre, rieuse?
habillée de lumière..
..au milieu des gouttelettes.
Emerveillée de les voir se laisser photographier.. multiples comme des poupées russes.. ici et ailleurs, pas sages, ils s’offrent et s’affichent..
Parfois nets et précis, ils se dessinent à la lumière, émergent du corps de l’eau, presque palpables.. Ils attisent l’imaginaire, éveillent le coeur d’enfant.. Mais parfois, ils peuvent aussi être si fugaces et si rapides, pris dans leur flux de ruisseaux montagneux, qu’ils s’accumulent sur le plan de la photo en forces suggestives, figurations presque abstraites d’où émergent quelques regards curieux, quelques sourires énigmatiques de portraits tridimensionnels.
J’ai descendu le courant, comme au pays des merveilles..
Et au sortir d’une de ses nombreuses ondulations, une station d’épuration! Quelle chance de voir ce que nous laissons vraiment sortir de ces stations, et dans quel état se trouvent les abords de ces sorties d’eaux, dites propres?.. Eaux bues par nos jolies rousses et leurs taureaux..
Constat simple: les eaux relâchées sont encore beaucoup trop chargées de matières organiques non digérées.. Ces eaux étouffent, manquent de lumière.. Et quelques rares végétaux, parmi les ondins et leurs dragons, résistent à l’asphyxie du milieu.. Je décide donc d’aller voir ce qu’il se passe en aval.
Beaucoup d’eau coule, les végétaux reprennent du terrain, les petits êtres occultes aident à l’alchimie de la vie.. La maîtresse des lieux reprend ses droits et plus je m’éloigne de la station d’épuration, plus l’eau est riche de son petit peuple…
Un petit voyage au pays de ce courageux ruisseau, un aperçu de ce qu’il traverse, habité jusqu’en ses fourrés..
Du coin de l’oeil, il me regarde.. Canaille, sur le flux de l’eau, il prendra forme..
Multitude extraordinaire..
Emerveillée par ce voyage enchanté, le petit tour près du Labiou, ruisseau des monts d’Auvergne, ne me laisse pas indifférente.. Il existe des endroits où le petit peuple s’exprime encore, faunes et flores, toutes ces énergies de vie travaillant nuit et jour à une eau claire, limpide, pour abreuver la vie sur terre…